Après une douce pause d’une dizaine de jours sur la très tranquille île d’Ometepe, je largue à nouveau les amarres en direction de la mythique Rivière San Juan. Je passe la nuit sur le ferry pour me rendre à San Carlos, tout au sud-est du lac. Puis, j’embarque sur un 2ème (bien plus petit) bateau, tout en dévorant « l’Île au Trésor » de Stevenson (merci Guillaume, c’est une lecture qui se prête tout à fait aux lieux !). Trois heures plus tard, je rencontre Agustin, et c’est à bord d’un 3ème (et encore plus petit) bateau que je mets finalement pied à terre dans mon nouvel eco-lodge, à l’intrigant nom de « Montecristo »…
Rio San Juan : Historiques Grandeurs et Décadences
Avez-vous déjà entendu parler du Rio San Juan ? Cette large et longue rivière de presque 200km, traverse une dense jungle vierge, tropicale et humide (une « Rainforest ») et relie l’Océan Atlantique au Lac du Nicaragua ; ce grand lac qui est lui-même à seulement 18km de l’Océan Pacifique par son point le plus étroit (l’isthme de Rivas).
Durant la colonisation, et le temps des chercheurs d’or, le Rio San Juan était donc un axe de communication majeur dans la région. La fameuse ville de Granada (n°1 sur les brochures touristiques du Nicaragua), sur les bords du lac, ne serait pas devenue si riche sans le Rio San Juan. Celui-ci lui a en effet permis d’être à l’époque un des principaux ports vers l’Atlantique, tout en étant pourtant à l’intérieur des terres ! Mais les pirates remontaient aussi la rivière… et après une énième attaque, les espagnols décidèrent alors de construire un fort pour protéger cet axe stratégique, la petite ville de « El Castillo » était né.
Et puis, il fut question à maintes reprises de construire un canal interocéanique à travers le Rio San Juan… jusqu’au jour où le projet du canal de Panama se concrétisa, et que l’or n’était plus au rendez-vous. Les colons délaissèrent alors la région.
J’écris rarement l’histoire d’une région, ainsi, en détails, sur le blog, mais j’ai trouvé l’endroit tellement envoûtant, et il est, je pense, important et intéressant de connaître tout cela pour mieux comprendre ensuite les problématiques et enjeux touristiques de l’endroit.
Une Eco-Destination au Futur Prometteur?
Avec le nouveau projet de canal confirmé (cf. article Totoco Ecolodge, Île d’Ometepe), différents itinéraires étaient envisagés, dont l’un deux passant par la rivière. La région était donc plongée dans un état d’attente interminable…. Personne ne souhaitant investir dans le cas où le canal passerait en effet par ici. Mais aux dernières nouvelles (peut-être dû aussi aux permanents conflits entre le Nicaragua et le Costa Rica qui se dispute la rivière ?), le canal ne passera par là, sauvés ! Enfin, pour le Rio San Juan… plus au nord, où le canal va passer à travers la forêt tropicale et déloger des centaines de familles et de fermes à un prix dérisoire, c’est une autre histoire…
La petite ville d’El Castillo est seulement accessible en bateau (il y a bien un chemin, mais il faut un très bon 4×4, et en saison des pluies, bonne chance!), ce qui, je trouve, rajoute encore énormément au charme et au côté « trésor secret et exclusif » des lieux.
Proximité avec le Costa Rica (où le tourisme est fleurissant), riche passé historique, biodiversité protégée, l’endroit a tous les atouts pour devenir une nouvelle et précieuse destination éco-touristique…
Montecristo River Lodge, Avis aux Investisseurs !
C’est dans ce contexte que je fais alors la connaissance d’Agustin, et de son River Lodge Montecristo, situé à 6 km d’El Castillo, à côté du village de Boca del Sabalo.
Le papa d’Agustin était nica, sa maman américaine. Il y a 14 ans, il investit dans un morceau de terre au bord de la rivière, convertit 70 hectares en réserve naturelle protégée, et construit huit bungalows en dotant le tout d’un système de gestion respectueux de son environnement (panneaux solaires, fosse septique, déchets triés et recyclés…). Il baptise l’endroit « Montecristo » en souvenir de la ferme du même nom que possédait autrefois son père. Passionné de pèche (en particulier la pèche au tarpon), sa clientèle est constituée en majorité de familles ou couples canadiens. Jetez un coup d’œil à ses supers commentaires TripAdvisor, on comprend rapidement ce qu’ils viennent chercher (et trouvent en effet bien) ici : l’expérience de la jungle, la vraie ! Je ne suis jamais allée en Amazonie (du moins pas encore…), mais de l’idée que j’en ai, j’ai l’impression que par ici, c’est un peu la petite Amazonie d’Amérique Centrale.
Maintenant que l’on sait que le canal ne passera pas par la rivière, Agustin va bientôt lancer un tout nouveau, tout beau, site Internet. Il souhaite par ailleurs entamer des travaux de rénovation, continuer de développer son lodge, construire de nouveaux bungalows et tout en continuant à mettre en place toujours plus de pratiques durables. Avis aux potentiels investisseurs, le réveil du Rio San Juan, ça se passe maintenant 😉