Bye bye Nicaragua, j’entame mon 7ème pays de cet Hospitality Tour, bienvenue au Costa Rica ! Royaume de l’éco-tourisme par excellence, paraît-il, le Costa Rica a même son propre programme d’éco-certification hôtelier gratuit. Qu’en est-il vraiment ? Je vous invite à me suivre dans les coulisses de quelques eco-hôtels à travers le pays. L’aventure commence dès maintenant avec un lodge à quelques kilomètres du Rio San Juan, la « Laguna del Lagarto » (en espagnol, le marais aux caïmans), en immersion totale au cœur de la Rainforest… et où les fameux caïmans sont en effet au rendez-vous… et pas seulement !
De l’Allemagne au Costa Rica, une Histoire Romanesque
Comme au Jaguar Inn, Arbol de Fuego, ou encore Selva Negra, je rencontre à La Laguna del Lagarto, un nouvel bel exemple d’hôtel familial, où la 2nde génération est en train de prendre la relève.
Le papa de Kurt, Vinzenz A. Schmack, est allemand, et a grandi en Allemagne de l’Est sous la dictature d’Hitler. Son propre père passa de riche agriculteur à ramasseur de poubelles émigrés en Tchécoslovaquie. Malgré les dures circonstances de vie que connut sa famille, Vinzenz avait depuis toujours un grand rêve, celui de partir un jour découvrir le monde. Il étudia l’économie et profita de l’obtention d’une bourse étudiante pour s’envoler vers le Canada. Ainsi commença son aventure sur le continent américain, où il rencontra ensuite sa future femme, guatémaltèque, à New York. Travaillant pour une grande banque américaine, il enchaîna les expériences à l’étranger : Paris, Bruxelles, Guatemala, République Dominicaine… et puis enfin, Costa Rica, d’où il ne partit plus.
Vinzenz avait aussi un autre rêve en tête : comme son père, celui de posséder un jour un morceau de terre. La banque pour laquelle il travaillait avait justement récupéré 500 hectares (1250 acres) d’une ferme, dont l’agriculteur n’avait pas pu rembourser l’emprunt d’un tracteur. C’est cette même terre que Vinzenz décida alors de racheter pour quelques dollars, et essaya de cultiver : ananas, poivre… mais sans grande réussite. L’endroit est très difficilement accessible, les coûts de production et de transports sont trop importants. De plus, il faudrait abattre tout une partie de forêt, et transporter tout le bois jusque la ville serait une périlleuse mission… à l’époque on ne parle pas d’éco-tourisme ou d’environnement. La population cherche surtout à survivre en exploitant au maximum toutes les terres qu’il est possible de cultiver.
C’est alors qu’un ami de Vinzenz, au fil d’une discussion, lui soumet l’idée de ne surtout pas déforester cette précieuse forêt vierge, mais d’y construire quelques cabanes et de se lancer dans le tourisme. On est alors en 1981, la notion d’éco-tourisme se développera au Costa Rica quelques années plus tard (fin 80’). L’endroit est à l’époque très difficilement accessible, à 10h de route de la capitale ! Vinzenz tente cependant l’expérience, il construit 4 cabanes et invite une connaissance, travaillant pour la grande agence de voyage allemande Neckermann, à venir visiter les lieux. L’agent de voyage y voit un beau potentiel, et promet à Vinzenz qu’avec plus de logements pour accueillir de petits groupes, à la prochaine saison il pourrait commencer à travailler ensemble. Le deal est passé, de nouvelles cabanes sont construites, et les premiers « eco-touristes » en recherche d’expériences uniques au cœur de la jungle commencent à arriver 6 mois plus tard.
Au Cœur de la Vie Sauvage Tropicale
Aujourd’hui, à la Laguna del Lagarto, il y a 22 chambres et un restaurant. Deux autres hôtels se sont construits dans les alentours. La route n’est toujours pas cimentée, mais la ligne téléphonique et l’électricité sont arrivées. Le lodge est la plus grande « entreprise » du village (Boca Tapa, une centaine d’habitants) ; le fils aîné de Vinzenz, Kurt, en a repris les rennes, et le manager sur place pour accueillir les clients, Adolfo, est un employé du lodge depuis presque le tout début (il avait commencé derrière les fourneaux !). Le lodge fut un important acteur de développement local et c’est un bel exemple de tourisme responsable (cf Article sur Hopineo pour découvrir en détails toutes les pratiques durables mises en place).
Avec 400 différentes espèces d’oiseaux identifiés, 100 hectares de forêt vierge, et 169 hectares reforestés, les amoureux de la nature, bird-watchers (observation d’oiseaux), et autres photographes de la vie sauvage, se recommandent secrètement le spot entre eux. De plus, Kurt et son équipe ont développé différentes caches et perchoirs, où ils mettent parfois de la nourriture pour attirer certains animaux et pouvoir les observer et photographier de plus près : bananes pour les toucans, carcasse de tête de vache pour les vautours, eau sucrée pour les chauves-souris…
J’ai passé une semaine à la Laguna del Lagarto, et ai travaillé en particulier sur la stratégie marketing pour mieux attirer les bird-watchers européens dans la région et au lodge (cf Article « Marketin Strategy towards Bird-Watchers »). Grâce à Henry, ou encore Diego, tous deux employés à l’hôtel, j’ai pu partir à la découverte de la jungle, de jour et de nuit, et rencontrer des animaux que je ne connaissais qu’en photo, et que je n’aurai jamais pensé approcher de près : caïmans, toucans, singes, serpents, tarentules, grenouilles et oiseaux de toutes les couleurs… des rencontres incroyables ! Des rencontres animales, mais aussi humaines…
Hôtelier, Employés, Voyageurs : de Beaux Moments Partagés
Grâce à cet Hospitality Tour, je voyage d’une manière très différente. Je ne suis ni vraiment cliente ou employée de l’hôtel, je suis un électron libre au milieu de tous, et cela me permet de rencontrer des personnes aux expériences de vie très différentes, de partager de très beaux moments, des tranches de vie.
En effet, je suis à la fois, un peu comme l’Assistante du Directeur pendant quelques jours, une des employés entre deux sessions de travail et presque comme une cliente le soir au moment du dîner.
Ainsi, j’ai rencontré des voyageurs photographes anglais, américains, canadiens… Tous plus aventuriers et passionnés l’un que l’autre : un ami des serpents qui a fait la guerre du Viêt-Nam, un ancien Chef de la Police New-Yorkais qui a fait un marathon en Antarctique, une programmeuse informatique propriétaire d’une île au Nicaragua, un photographe professionnel qui organise des tours-cours de photos à travers le monde…
Et puis, je suis devenue amie avec Diego qui m’a emmenée à la découverte du marais et m’a fait débusquer les plus incroyables des grenouilles. Je suis aussi devenue amie avec Henry, le veilleur de nuit, qui a une épicerie pendant la journée, et qui m’en a rapporté tous les soirs des chocolats, m’a emmenée me promener dans la jungle à la recherche de bêtes sauvages, m’a présenté ses amis les caimans (Mama Ugly, Eva, Agressivo) et la belle grenouille verte aux grand yeux oranges (Model Frosch). Un samedi, Henry m’a invitée à venir visiter sa maison, rencontrer ses fils et prendre le café avec sa femme. En une semaine, j’ai juste le temps de commencer à faire connaissance… et puis, l’heure du départ est déjà là… reviendrai-je ? Je ne préfère ne rien promettre, mais en tout cas je l’espère fortement.
Read also the article that I wrote for Sustainability-Leaders website:
Birdwatcher’s Paradise: Ecolodge Laguna Del Lagarto in Costa Rica