Je commence cette nouvelle année 2015 avec un beau cadeau : mon amie Isabelle m’a rejoint pour voyager toutes les deux durant un mois à travers le nord-est de la Colombie. Durant ces « vacances », je continue aussi un petit peu le projet en visitant quelques hôtels en chemin (lire articles sur Palomino et Barichara/San Gil). Mais cette semaine, c’est déconnexion totale, et un tout autre genre de défi qui m’attend… Nous rejoignons le parc national du Cocuy, et partons pour 4 jours de rando à plus de 4000m d’altitude, et avec même un sommet enneigé culminant à 5150m ! Une expérience comme je n’en avais jamais vécue et que je ne suis pas prête d’oublier…
2800m, trouver un guide au village de Guican
Pour rejoindre les villages les plus proches du Parc National du Cocuy, il faut d’abord passer une petite nuit dans le bus (9-10h de bus entre Duitama et le village de El Cocuy ou Guican). Mais c’est grâce à ce voyage en bus que nous trouvons notre super guide et pouvons louer le matériel nécessaire très rapidement. En effet, nous sympathisons avec trois amis colombiens, en route eux aussi pour le parc et suivons leurs recommandations: c’est ainsi que nous rencontrons dès notre arrivée Armando et son agence www.guaicani.com : ni une, ni deux, nous voici avec un super plan de rando pour les 4 prochains jours, l’entrée du parc, son assurance obligatoire et équipées pour la rando, le campement… et l’ascension d’un sommet enneigé !
4300m, planter la tente et s’acclimater
Lendemain matin, 5h30, nos sacs à dos défaits et refaits, nous voici prêtes pour une belle échappée belle au cœur des plus hautes montagnes colombiennes… oui, mais voilà, aujourd’hui le « lechero » (camion qui fait la tournée des fermes pour collecter le lait tous les jours) est parti plus tôt que d’habitude et nous l’avons raté! Heureusement, Armando est plein de ressources, nous attrapons un mini-bus et rejoignons le fameux « lechero » à El Cocuy, le village voisin. Pour rejoindre les différents accès au parc, c’est soit en partant très tôt avec le « lechero » (pour moins de 3€) ou en louant les services d’un transport express et privé (10 fois plus cher).
Nous montons, montons, il fait bien frais, mais la vue magnifique sur les montagnes nous fait oublier le froid. Nous sommes excitées comme tout et heureuses de partir vivre cette petite aventure qui est depuis notre arrivée en Colombie le temps fort du voyage que nous attendons avec impatience. Nous arrivons finalement (2h plus tard) à la « Esperanza », un charmant refuge, d’où nous commençons à marcher. Une longue ascension pour rejoindre le campement à 4300m d’altitude au bord d’un magnifique lac entourée de sommets enneigés.
Je me pensais sportive et en forme… mais lorsque l’on arrive à cette altitude, les cuisses et les mollets chauffent rapidement et la respiration se fait plus difficile… aïe, aïe, aïe, pas facile cette première journée de marche, je n’ose imaginer l’ascension du sommet (le « Concavo ») qui nous attends le lendemain…!
Arrivés au campement, tente dépliée, je pense pouvoir maintenant me reposer tranquillement… mais c’est sans compter le mal des altitudes qui ne m’épargnera pas : mal de tête terrible, très très froid, nausées (qui se concrétisent…!)… Nous sommes dans l’endroit, certainement, le plus naturel et le plus magnifique de tout mon voyage, pour passer la nuit sous un ciel étoilé comme jamais… mais ce n’est pas ce soir-là que j’en profiterai ! Nous décidons de changer les plans et d’improviser une journée de « pause » le lendemain pour mieux s’acclimater à l’altitude avant le sommet.
5150m, gravir le sommet enneigé du Concavo
Après une journée de repos passée à bouquiner et à se promener aux alentours (enfin… pour moi… moins reposant pour Isa qui a suivi Armando pour « repérer rapidement » un chemin… et qui s’est retrouvée à marcher un bon moment à travers des pierriers sans eau et sans nourriture…!).
Nous voici le sur-lendemain debout à 4h du « matin » (ou devrais-je dire, de la « nuit ») pour commencer une grannnnnde et belle journée d’ascension du Concavo, ce sommet enneigé, qui culmine à 5150m (les 150 derniers mètres sont très importants, croyez-moi !) et qui nous nargue depuis notre arrivée au campement.
Après 2h de marche dans l’obscurité, le soleil pointe tout doucement son nez, et quel beau spectacle… cependant ce dernier va encore se faire désirer un bon petit moment, avant de passer de l’autre côté des montagnes et enfin réchauffer nos petites extrémités bien gelées ! Après environs 3h de marche (de montée bien sûr), nous arrivons finalement au glacier ! Crampons, baudrier, piolet, nous voici tous les trois encordés, et continuons l’ascension, qui se fait toujours de plus en plus raide.
Ainsi encordée au sommet d’un glacier, avec un grand ciel bleu et le soleil en ligne de mire, j’ai l’impression d’être dans un film, ou plutôt, dans un documentaire… de haute montagne! La sensation est merveilleuse… enfin, au début… car rapidement, de « merveilleuse », je passe à « aïe, aïe, aïe, c’est trop dur, ça n’en finit plus ! ». Et Armando qui nous dit, « on y est presque ! », lol, mouai, mouai, bien sûr ! Mon humeur passe de la meilleure, à la plus noire, et pour terminer avec un craquage en pleurs dans les bras d’Isa lorsque nous atteignons finalement le sommet ! Alala, que d’émotions ! Mais, on a réussi, on l’a fait ma Isa!
La descente sera bien plus facile (si on oublie le court passage au-dessus de potentielles crevasses… non, non, je ne sauterai pas par dessus en crampons Armando, lol…) et à 13h, nous sommes (finalemeeeeeeent!) de retour au campement.
Si c’était à refaire, je re-ferai, ce fut une expérience très forte en émotions, mais c’est en ressentant des émotions si fortes que l’on se sent si vivant, et puis, la satisfaction de l’avoir « fait » couplé aux belles images que je garde dans un coin de ma tête et de mon cœur, en vaut vraiment la peine! Sans Isa, je pense que je ne me serais jamais lancer dans une telle aventure, merci ma Isa!
2800m, fête du village et eaux thermales
Le lendemain, nous entamons la redescente vers Guican. Nous avions prévu de dormir au refuge de la Esperanza pour prendre le « lechero » le lendemain matin. Mais, pas de chance, le refuge est en fait complet (par toute une classe de collégiens). Continuons-nous à pied jusqu’à Guican? (à 4h de là?) Nous optons finalement pour passer la nuit à la « Chapelle », un autre refuge un petit peu plus loin (où nous attendra un déliiiiiicieux déjeuner et une douche presque chaude !). La redescente au village, le jour suivant, avec le lechero, est tout aussi belle que l’aller. Si un jour, vous passez dans cette région, même si vous décidez de ne pas aller faire de la rando, faites au moins la tournée avec le lechero, c’est vraiment magnifique!
Nous décidons de passer deux nuits de plus au village de Guican pour nous remettre tranquillement de nos émotions et tester eaux thermales et fêtes traditionnelles. Nous trouvons par hasard un super petit hôtel (de 5 chambres) trop mignon sur les hauteurs du village dont la famille qui gère l’endroit est tellement choux (Hôtel El Eden: nous recommandons!). Javier, le fils, devient notre meilleur ami et nous accompagne partout!
Le soir de la fête, notre dernier soir, accompagnées de Javier, nous apprenons les danses locales (vive le carangero!) et revoyons un peu tout le monde (c’est à dire le lechero, les gens qui ont failli nous prendre en stop, le cousin d’Armando, le monsieur qui a montré à Isa comment faire des masques…etc!). C’est que nous commençons à être connues dans le village ! Deux françaises si jolies (hi hi, mais non, ce n’est pas moi qui le dit, c’est tous les papis du coin !) et surtout… si grandes ( !) ne passent pas inaperçues.
Que d’émotions… c’est le cœur serré que nous reprenons le bus direction Bogotá, Isa a son vol dans 4 jours… mais d’abord, une dernière courte halte à Tunja, puis Villa de Leyba, le fameux joli village « colonial » à 2h de la capitale.
Quelques photos:
- Région de Boyaca: Guican, Parc du Cocuy, Tunja
Quelques videos: